Février 2014 : la conception.

Enfin le premier mois de traitement est en cours: un comprimé d'acide folique tous les jours, une injection de 5 ml de Gonal de J5 à J12 à se faire soi-même, du coup une petite pensée pour tous les patients diabétiques que j'ai piqué pendant mes stages. Puis chaque jour à partir de J10 une prise de sang et écho. J'avoue qu'après avoir subi 3 prises de sang sur 4 jours, j'en avais marre!!! J'avais des bleus aux 2 bras, je passais les matinées à faire la queue au milieu d'autres femmes toutes occupées à se dévisager les unes les autres ou à se raconter les péripéties de leur parcours.

Je n'imaginais pas qu'il fallait être disponible tout le temps: je passais les matinées à faire mes examens, les après-midis je devais attendre leur appel m'informant des résultats et me demandant si nécessaire de revenir le lendemain. Comment aurais-je fait si j'avais un travail? Que diraient mon chef et mes collègues si je devais m'absenter ainsi plusieurs matinées? C'est sûr que je me serais fait des ennemis!!


Puis enfin j'avais ovulé et je devais faire une unique injection d'Ovitrelle le soir et me présenter le lendemain avec Cricri pour une insémination. Et là je prends conscience du décalage entre la réalité et nos rêves. Que sont devenus nos rêves de petite fille? Rencontrer le prince charmant, vivre heureux et avoir beaucoup d'enfants. Nous n'avons aucun problème particulier, dans notre dossier le motif de prise en charge est une infertilité inexplicable. Et nous voilà dans une pièce d'hôpital, impersonnelle et froide, moi allongée sur une table, mon mari debout à ma gauche, me tenant la main, nous cherchant l'un et l'autre du regard, l'interne en train d'inséminer tout en expliquant ce qu'elle faisait tandis que le médecin à côté dans une indifférence totale remplissait la paperasse.

                                                                       

Cinq minutes après elles se lavaient les mains, me demandaient de rester allonger 10 mn puis nous ont souhaité bon courage et bonne journée!! On s'est alors retrouvé seuls, et là je lui ai dis que ce n'était  vraiment pas ainsi que j'imaginais la conception de notre bébé et il m'a confirmé que lui non plus. Puis pour détendre l'atmosphère il m'a proposé de poursuivre avec la méthode naturelle la conception vu qu'on avait la pièce à nous seuls!! Mais bon faut pas déconner quand même, c'est la salle d'écho de la PMA!! Puis ce n'est pas notre genre, on sait se tenir en société. N'empêche que le lendemain on s'est bien rattrapé ;-). Maintenant 14 jours à patienter et à espérer que la nature fasse le reste du travail.
En ce vendredi matin, 21 février, je me sens fébrile, je vais faire ma 1ère prise de sang pour savoir si oui ou non je suis enceinte. La journée m'a semblé interminable puis à 16h soulagement 35 mUI/ml de Beta-HCG. Le taux était bas mais lundi j'aurai la 2è prise de sang à faire pour confirmer cela. En attendant je dirai rien à Cricri qui d'ailleurs ne me pose aucune question.                                                                                                      

Lundi 24 février, le résultat est confirmé, le taux est passé à 132 mUI/ml donc début de 2è semaine de grossesse. Comme il est bientôt 17h, et que le TER de Cricri arrivait dans 10 mn, je décidais de l'attendre. Je trépignais de joie mais comment lui annoncer la nouvelle ? Puis finalement cela s'est fait tout seul. A peine est-il monté dans la voiture, il a aperçu l'enveloppe près du frein à main. Curieux il a pris l'enveloppe en me demandant ce que c'était. Je lui ai dis : « ouvre et tu me dis les résultats, compare avec les normes mentionnées ». Il lit à haute voix puis un silence s'installe. Je ne comprends pas me dit-il. Je sors alors de mon sac un petit livre où un paragraphe expliquait ce qu'étaient les hormones Beta-HCG. Il s'est mis alors à bégayer: « c'est... c'est bon alors? Tu... tu... tu es enceinte? » Grand sourire et nous nous sommes enlacés et embrassés, seuls au monde dans notre petite voiture, au milieu de la cohue du parking de la gare.